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Moins cher et plus rapide, le TGV à vapeur

Moins cher et plus rapide, le TGV à vapeur

Entre Paris et Lyon, les machines à charbon ne feraient peut-être pas mieux que le TGV. Mais sur Paris-Royan, elles permettraient de gagner un temps fou. Il est vrai que ce n’est pas difficile…

Moins cher et plus  rapide, le TGV à vapeur

A la Belle Epoque, le rapide du dimanche soir, tiré par une locomotive à vapeur de type 230, mettait un peu moins de sept heures pour relier Royan à Paris. Pendant les mois d’été, des messieurs à canne et à chapeau l’empruntaient chaque semaine pour retourner à leurs affaires, laissant leurs femmes s’adonner aux bains de mer dans la cité la plus en vue de la côte Atlantique. Les rieurs avaient surnommé ce convoi «le train des cocus». Un siècle plus tard, les choses ont bien changé. Les femmes, comme on sait, sont devenues fidèles. Et les chemins de fer, autrement performants.

 

Certes, les sièges du TGV qui s’ébranle tous les matins à 7 h 20 de Montparnasse ne sont plus tendus de cuir pleine peau, et le cigare est interdit dans les wagons modernes. Mais nous ne sommes pas ici pour folâtrer. Juste pour filer comme le vent vers Niort, où nous attend le TER qui nous déposera à Royan, détendu et heureux, à 11 h 06 pétantes, après 3 heures 46 de voyage. Oh, mais pendant qu’on bavarde, voilà que le TGV ralentit, s’arrête, repart à vitesse d’escargot. Un ennui ? Du tout, rassure le contrôleur, la routine. De fait, le train entre en gare de Niort avec à peine 17 minutes de retard, une assez jolie performance, par les temps qui courent.

 

L’ennui, c’est que le TER de Royan n’est déjà plus à quai. Depuis que sa gestion a été confiée au conseil régional de Poitou-Charentes, il y a deux ans, Monsieur n’attend pas. «Quoi qu’il arrive, la Région le fait partir à l’heure pile, car la SNCF refuse de lui payer des pénalités de retard», grincent les cheminots niortais. On sent que cette exactitude ne leur plaît pas du tout.

 

Aux 57 pingouins déboussolés qui m’entourent non plus. Allons-nous tous devoir faire les cent pas pendant deux heures et demie, jusqu’au prochain départ ? Non, car la SNCF a affrété un car, c’est la bonne nouvelle de la matinée. La mauvaise, c’est qu’il va nous falloir l’attendre plus d’une heure, qu’il n’aura que 50 places, qu’il ne prendra pas l’autoroute (trop cher), que nous devrons par conséquent nous taper deux heures de départementales avec la valise sur les genoux, et que nous ne pourrons pas espérer le moindre remboursement pour ce contretemps (deux heures et demie de retard), car, pour la SNCF, tout est de la faute de la Région, et, pour la Région, tout est de celle de la SNCF, on espère que vous suivez avec une draisine. Le train des cocus, c’est nous ! Et il nous refait le coup presque toutes les semaines.

 

Alors nous disons, de grâce ! Quitte à faire du 70 de moyenne sur les lignes à grande vitesse, remettez-nous des vieilles locos avec des bielles fumantes et Jean Gabin aux manettes. Ça nous amusera encore plus. Et ça fera des vacances à nos centrales nucléaires.

Philippe Eliakim



14/06/2011
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