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MAROC OUTSIDERS

Hippodrome de la Prairie

Dimanche 21 mai 2010 

(cette chronique est parue dans le Turf d’hier, mais la voici en images, et en son)

J’étais à Caen mercredi dernier, ça ressemblait au premier jour de beau temps, le train était à l’heure, j’ai compté quelques turfistes parisiens qui faisaient le déplacement. Quand on ne reconnaît pas le turfiste voyageur à son Turf débordant de la poche ou à ses jumelles, on le repère à l’intensité de ses songes : ils lui font le regard sombre. Sa démarche, d’une solennité discrète, trahit une pointe d’orgueil que le cheval lui confère. Le turfiste qui se rend au champ de course n’est pas pressé, pas non plus désœuvré, il est seul contre tous et en cela il est dans le réel.

A dix minutes de la gare, c’est l’hippodrome de la Prairie, on s’y rend comme aux origines du trot, en pèlerinage. La ville n’a pas effacé son passé hippique, l’immobilier le protège, et pour toujours, dirait-on. Comme c’était mercredi, les enfants étaient là. Prendre l’air est un prétexte des parents pour se rendre en toute impunité au temple du vice que nul ne réprouve plus.

La victoire d’Oyonnax dans le Prix des Ducs de Normandie faisait dire à son propriétaire, M. Arhes, brandissant son trophée sur les marches du pesage qui servent de podium : « Je suis un enfant du peuple, alors je suis heureux qu’il soit là ». Le peuple. Entité fantasmatique qui émeut tant. Les ducs de Normandie pleuraient d’amour pour leur peuple. Mais le peuple, si c’est bien du même qu’il s’agit, n’a pas été reconnaissant. J’ai bien connu le dernier des Ducs de Normandie, et je me souviens que son peuple, porté à ébullition par la démence de ses opinions nouvelles, a jeté cet enfant de sept ans, devenu Louis XVII, dans un cachot révolutionnaire, jusqu’à ce que mort s’en suive. Prudence, donc, avec le peuple.



14/06/2011
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